Thérapie EMDR

Laetitia BLONDEAU, Psychologue – Psychothérapeute

L’EMDR est une psychothérapie qui permet de résoudre les conséquences psychologiques, physiques d’expériences de vie traumatisantes ou perturbantes : évènements traumatiques passés ou récents, uniques ou répétitifs (accident, cambriolage, blessures, maladie, annonce d’un décès/perte d’un proche, rupture, maltraitance, harcèlement…) ou sentiment de dévalorisation, perte de moyens en public/timidité, peur de l’échec, anxiété, douleur chronique.

PRINCIPE DE L’EMDR :

En temps normal, face à un évènement stresseur, le système nerveux réflexe (zone du cerveau limbique – amygdale/hippocampe – siège des émotions) est activé et une série de manifestations corporelles apparaissent (accélération du rythme cardiaque, production d’adrénaline, de cortisol…) pour que le corps puisse affronter le danger ou la perturbation.

L’amygdale envoie alors un message à l’hippocampe qui permet la prise de conscience de la situation. Le cortex (siège de la cognition/pensée) permet ensuite la planification d’actions de défense face au stresseur et met du sens sur l’expérience. Il envoie ensuite un message au système limbique et à l’amygdale pour se calmer.

Quand un traumatisme ou une perturbation massive (dont l’intensité et/ou la répétition ne la rend plus tolérable pour la personne) survient, il peut se retrouver « bloqué » dans le système nerveux réflexe avec le souvenir d’origine, les sons, les pensées, les émotions du passé et les sensations physiques.

En effet, l’émotion peut être tellement intense qu’un mécanisme de disjonction se crée entre l’amygdale et l’hippocampe, pour protéger le système. Cela calme le système momentanément mais les informations ne sont pas données à l’hippocampe, et cela interrompt les connexions vers le thalamus (zone du cortex).

Un patient ayant vécu un (ou plusieurs) traumatisme revit avec la même intensité certaines situations de la vie quotidienne parce que l’événement n’a pu être traité par la région corticale et est resté « en l’état » dans le cerveau limbique.

On nomme « traumatisme », pas seulement les traumatismes « exceptionnels » (agressions, viols, braquage, attentat ou accident…) mais aussi toutes situations perturbantes dans lesquels on s’est senti blessée ou en souffrance, et notamment pendant l’enfance, et qui perturbent encore à l’heure actuelle ou, comme dans le cas des douleurs chroniques, qui se répètent au quotidien et impactent les pensées, les émotions et les sensations corporelles.

La thérapie EMDR peut entrainer le déblocage du système nerveux et permettre au cerveau de retraiter l’expérience traumatique, aux niveaux sensoriel, émotionnel et cognitif. Ce processus peut être assimilé à ce qui se produit pendant le rêve (phase paradoxale) où des mouvements oculaires rapides facilitent le retraitement par le cerveau de souvenirs et d’expériences vécues.

PROCEDURE :

  • Phase de stabilisation préalable (et en cours de travail si besoin) : techniques de relaxation, de respiration et imaginaires pour aborder les évènements traumatiques en sécurité.

  • Phase de préparation : le patient identifie un ou plusieurs souvenirs, qui seront alors traités un par un. La thérapie EMDR ne nécessite pas que le patient explique en détail le souvenir. L’important est qu’il y pense et soit ainsi « activé » émotionnellement (système limbique) pour permettre ensuite le retraitement. Cela évite à la personne d’être « retraumatisée » par le récit détaillé et répétitif des évènements qu’elle a vécus.

  • Phase de retraitement : un protocole précis permet une plongée progressive dans les chaines de souvenirs associés. En effet, un souvenir est toujours relié à plusieurs éléments : sensations physiques, odeurs, images, sons, autres souvenirs, émotions mais aussi à une croyance spécifique. Par exemple, suite à un accident de voiture, une personne peut revivre les mêmes sensations et émotions vécues lors de celui-ci à chaque fois qu’il prend le volant. Cela s’accompagne aussi de la croyance « je vais mourir » – alors même qu’il est hors de danger maintenant.

Le retraitement s’effectue jusqu’à ce que la valence négative du souvenir ciblé soit mise à distance et vécue sans l’activation originelle liée au trauma. Cela est facilité par la stimulation bilatérale alternée (SBA) des yeux, comme dans le processus du rêve. Et c’est toujours le patient qui active le processus de  guérison et qui garde le contrôle exclusif.

POUR LES ENFANTS ET ADOLESCENTS :

Les étapes du protocole EMDR sont les mêmes mais adaptées à l’âge de l’enfant (utilisation du dessin pour expliquer le souvenir perturbant, questions du thérapeute simplifiées, présence possible du parent à la séance).

Mise en garde : Certains praticiens proposent de l’EMDR mais ne sont pas habilités à le faire car leur formation n’est pas validée par l’Institut Européen d’EMDR. La formation en EMDR est une formation de deux ans (suivies de formations complémentaires régulières), uniquement accessible aux psychologues, médecins et psychiatres. Un traumatisme a des impacts psychologiques et physiques qui peuvent impacter gravement la santé de la personne : il ne doit être traité que par des professionnels formés et expérimentés dans le soin psychique.

Renseignements complémentaires : site www.emdr-france.org